Voici un shôjo qui mérite bien son nom tant il cumule les ingrédients qui donnent au genre ses lettres de noblesse.Voici Angel Sanctuary, qui comme son nom l'indique, développe une thématique un brin " gothique "...
Le thème central, à savoir une guerre céleste entre anges et démons, a pourtant un goût amer de déjà-vu...
Déjà-vu ? L'histoire se déroule en 1999 (une année ô combien apocalyptique) dans deux mondes successifs : la Terre et l'Enfer. Une épopée qui pourtant n'a rien d'une quête héroïque.
Certes, nous avons un héros (Setsuna Mudo), tiraillé entre une volonté égoïste, terrestre de sauver son amour perdu (et défendu), et une mission plus grandiose qui le dépasse (il est la réincarnation de l'ange supérieur Alexielle...) Mais l'univers dans lequel Kaori Yuki nous plonge devient de plus en plus surprenant au fil de l'avancement de l'histoire, gagnant en noirceur, en cynisme, en personnages hauts en couleur et ambigus à souhait (quand surgissent des démons qui emportent plus notre adhésion que certains anges irréprochables)
Kaori Yuki sait de quoi elle parle et cette série est riche en références sur la démonologie, l'angélologie, mais aussi de petits clins d'oeil aux groupes de visual rock japonais...(avis aux connaisseurs ! Elle s'inspire de Plastic Tree, Pierrot, Dir en Grey...pour désigner ses mauvais anges)
On peut cependant déplorer un fait : elle sème des thèmes forts passionnants au cours de sa narration (inceste, religion, androgynie, amour cynique à travers la relation magnifique d'ambiguïté entre Rochel et Katan...) De plus, certains personnages (pourtant attachants) disparaissent aussi vite qu'ils ne sont apparus, ce qui porte à croire qu'ils n'étaient que des faire-valoir éphémères à un héros des plus agaçants...
Le point fort : un panaché de personnages " méchants " ou mauvais : Rochel, Kato, Le chapelier fou...pourtant ce sont les plus attachants ! (à côté, on aurait envie de frapper les gentils ! comme cette Sara...)
Ne cherchez pas dans Angel Sanctuary une quelconque réflexion métaphysique sur la religion ni une pure dichotomie entre Paradis et Enfer, qui restent liés chez Kaori Yuki, et on passe de l'un à l'autre avec une simplicité déconcertante ...
Il n'y a donc pas de face cachée dans Angel Santuary, et rien à interpréter, et c'est peut être ce qu'on préfère dans cette œuvre : l'auteur parle de ce qui la touche, sans prétention à véhiculer un message " pompeux ".
écrit par Ten-ô.